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lieutenant Bukeley partit pour Trichinopoly avec 30 européens et 600 cipayes, qui furent renforcés à la fin de novembre de 100 européens commandés par le capitaine Cope. Si nous avions à ce moment marché contre cette ville, il est probable que nous l’aurions emportée : elle était mal défendue par ces faibles effectifs, mais Chanda S., d’accord sans doute avec Dupleix, ne voulait pas brusquer l’attaque pour un motif assez singulier : il eut peur, en se hâtant, de retenir dans l’Inde l’amiral Boscawen, qui ne cherchait qu’un prétexte pour rester. Chanda Sahib et les Français ne bougeant pas, celui-ci put croire que l’expédition n’aurait jamais lieu et le mercredi 22 octobre il mit à la voile avec onze navires. Six jours après, Chanda S. entrait en campagne.

Avant de l’y suivre, remontons un instant vers le nord, du côté de Madras, où l’amiral nous avait, à la veille même de son départ, ménagé un échec fort désagréable ; nous voulons parler de l’affaire de St-Thomé.

Mylapore ou St-Thomé, où l’on voit encore aujourd’hui le soi-disant tombeau de l’apôtre du Christ, était une petite ville située seulement à cinq milles au sud de Madras, le long de la mer. Elle appartenait jadis aux Portugais ; ils l’avaient évacuée depuis cinquante ans sans cependant renoncer à leurs droits et le nabab du Carnatic, souverain effectif du pays, y entretenait un amaldar ou commandant. Nos troupes y passèrent en 1746 et ne l’occupèrent pas. L’idée d’y dominer d’une façon quelconque ne vint à Dupleix qu’au moment où il dut rendre Madras ; par sa proximité de la ville anglaise, Mylapore pouvait être pour nous un excellent poste d’observation et d’intrigues. Dupleix avait l’agent tout trouvé pour cette politique en la personne du P. Antoine