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maintenant elle comptait 23.000 hommes d’infanterie, 14.000 chevaux, 6.000 arquebusiers et arbalétriers et 206 éléphants. Elle s’arrêta aux limites de Pondichéry. Nous n’entrerons pas dans le détail des fêtes qui furent alors données ; on rivalisa de magnificence. Dupleix sortit de la ville pour recevoir chacun de ses hôtes, d’abord Chanda S. (28 septembre) et, deux jours après, Muzaffer j. L’entrée de Chanda S. fut très belle, celle de Muzaffer j. fut grandiose. Cinq mille cavaliers le sabre à la main et 100 lanciers accompagnés de deux éléphants ouvraient la marche. Puis venaient sur 24 éléphants chargés de leurs chirolles les dignitaires les plus éminents de Muzaffer j. Ce prince parut ensuite avec son jeune fils, âgé de 8 ans, sur un grand éléphant blanc ; il était entouré de 124 choupdars portant de longues cannes et des masses d’argent. La marche était fermée par 12 autres éléphants qui portaient la famille du soubab, 5.000 arquebusiers, 1.000 lanciers et arbalétriers et 1.000 cavaliers. Grande profusion d’étendards et de drapeaux, salve d’artillerie de la forteresse ; le soir feu d’artifice ; rien ne fut négligé pour divertir et enchanter les deux princes.

Les dépenses furent élevées, mais profitèrent à la Compagnie. En reconnaissance de l’appui que nous lui avions prêté, Muzaffer j. nous confirma la possession de Villenour et y ajouta les 36 aldées de Bahour, ce qui reporta nos avant-postes jusqu’au Ponéar, à 20 kil. au sud de Pondichéry[1]. Mieux encore, il nous donna la jouissance pleine et entière de la ville de Mazulipatam et de

  1. C’est sur les bases de ces concessions qu’ont été conclus avec les Anglais tous les traités qui, de 1763 à 1815, ont consacré la reprise de nos établissements, après leur perte successive. Comme les aldées qui nous furent cédées en 1749 ne se joignaient pas toutes les unes les autres, l’échiquier qui en résulta a subsisté jusqu’à nos jours. C’est ce qui explique le paradoxal enchevêtrement actuel de