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le commandement effectif appartenait à Muzaffer j., et à Chanda S[1]. Qu’allaient-ils faire ? Ils ne firent d’abord rien ni l’un ni l’autre, sinon de prendre possession d’Arcate, où ils entrèrent sans coup férir. Leur indécision était telle que d’Auteuil parlait de revenir à Pondichéry avec son armée. « Gardez-vous en bien, lui répondit Dupleix. Ne partez que le jour où Chanda S. vous le dira lui-même. Songez que vous n’aurez jamais aussi belle occasion de faire vos affaires particulières. »

D’Auteuil resta, d’ailleurs sans enthousiasme. Il avait la goutte[2], sa femme le désirait à Pondichéry ; ajoutons qu’il ne connaissait rien aux affaires d’état et qu’il n’avait aucun sens politique. Il ne savait s’imposer ni à ses hommes ni à nos alliés et Dupleix était obligé de relever sans cesse son moral ou son-énergie. Pendant tout le mois d’août, il ne fut occupé qu’à régler les détails du voyage que Muzaffer j. et Chanda S. se proposaient de faire à Pondichéry pour témoigner à Dupleix leur reconnaissance. Dupleix lui recommandait de faire en sorte que l’escorte qui accompagnerait les princes fut aussi faible que possible, pour ne pas augmenter les dépenses.

Malgré ces précautions, l’escorte fut l’armée presque tout entière. Au lendemain de la bataille d’Ambour, elle s’était grossie d’une partie des troupes d’Anaverdi kh. ;

  1. « La cavalerie et les cipayes de Chek Ibrahim et ceux de Mouzaffer k. sont à la solde du nabab ; ainsi il est le maître de les envoyer où il voudra. Tout ce que vous pouvez exiger de leur chef par pure honnêteté, c’est de vous dire où ils vont ; je crois à la vérité qu’ils feraient encore mieux de vous consulter, mais ils ne se croient plus sous mes ordres et ils ont une espèce de raison de le croire. Ne marquez sur tout cela aucune mauvaise humeur et laissez-les agir comme il voudront. » (B. N. 9156, Lettre à d’Auteuil du 22 août 1749).
  2. « Un peu plus d’attention sur le manger et le boire pourrait peut-être éloigner ces attaques trop fréquentes », lui écrivait Dupleix.