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charge générale et, devant la furie de notre choc, l’armée d’Anaverdi kh., prise de panique, se mit à fuir. Ce fut en vain que le vieux nabab essaya de la rallier ; il fut lui-même atteint de deux coups de feu ; qui le précipitèrent à bas de son éléphant et le champ de bataille nous resta. Un modeste monument rappelle encore aujourd’hui l’endroit où il tomba.

La victoire nous avait coûté 12 français tués et 63 blessés et, parmi les cipayes, 300 tués ou blessés. Les pertes de l’ennemi furent plus considérables, sans qu’on puisse les chiffrer ; parmi les prisonniers se trouvait Mafous k., le fils aîné du nabab. Le second, Mahamet Ali, parvint à fuir, mais trouvant Arcate trop proche et trop peu sûr, il alla se réfugier dans Trichinopoly.

Suivant les conventions, le butin fut entièrement attribué à nos alliés : Muzaffer j. reçut pour sa part 43 éléphants et Chanda S. 19 ; ils se partagèrent aussi un grand nombre de chevaux. Nous ne gardâmes que quelques canons. Bien qu’il ne put prétendre à aucun partage, Dupleix eut désiré qu’on lui envoyât quelques-unes des dépouilles de l’ennemi, mais « ces gens-là, écrivait-il à d’Auteuil, ne savent pas penser juste ni noblement ». Du moins insista-t-il pour que les officiers, les soldats et les cipayes eux-mêmes fussent généreusement récompensés, « sans quoi, disait-il, nos troupes ne feront plus rien qui vaille par la suite. Ce n’est pas pour nous que nous faisons la guerre. » Chanda S. leur distribua 75.000 rs. dont 100 rs. à chaque soldat, et fit don à d’Auteuil d’un jaguir de 4.000 rs. de revenu.

Tout en étant accueillie à Pondichéry avec une grande joie, la nouvelle de la victoire laissa Dupleix assez embarrassé. Nos troupes, il ne faut pas le perdre de vue, n’étaient que des auxiliaires dans l’armée des princes ;