Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 3.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’année et les cipayes ne considéraient ces randonnées que comme une fructueuse occasion de pillage. Fort heureusement la valeur des capitaines placés sous les ordres de d’Auteuil, Bussy, Prévôt de la Touche, Law, suffit à surmonter les plus grandes difficultés et tout finit mieux qu’on eût pu l’espérer. De ces quatre officiers nul n’avait encore eu l’occasion de se distinguer par des services de premier ordre, même au siège de Pondichéry ; le principal mérite de d’Auteuil était d’être le beau-frère de Dupleix.

Les alliés, une fois réunis, ne restèrent pas inactifs. Placés sous le commandement nominal de Muzaffer j., ils passèrent le Paléar et contournant les positions d’Anaverdi kh. par le nord, du côté de Sathgar, ils arrivèrent en vue du village d’Ambour, où le nabab se trouvait campé avec 10 à 12.000 cavaliers, 6.000 hommes d’infanterie, 220 éléphants et 26 pièces de canon servies par des Européens de toutes nationalités. Il y paraissait en sûreté derrière un petit lac aux bords escarpés, un large fossé dont les eaux débordées formaient marécage et une forteresse, bâtie sur une hauteur de 4 à 500 pieds. La bataille qui se livra là le 3 août est une des plus mémorables de l’histoire de l’Inde, moins par l’importance militaire de l’action que par ses conséquences politiques ; ce fut elle qui en fait détermina toute la politique de Dupleix. Bien que Muzaffer j. commandât en chef, les Français supportèrent à peu près seuls tout le poids de l’action. Anaverdi khan combattit avec beaucoup de courage et d’opiniâtreté. Il repoussa deux fois nos attaques ; dans la seconde d’Auteuil fut légèrement blessé. Une troisième, dirigée par Bussy, réussit mieux ; nous réservâmes notre feu jusqu’au moment d’atteindre les retranchements de l’ennemi ; alors on fit une dé-