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au compte de la Compagnie les marchandises destinées à l’Inde au prix courant à la côte Coromandel et, au compte de l’armement les marchandises destinées à l’Europe avec une majoration arbitraire de 30 % sur le prix d’achat. Toutefois, après déduction d’une dette contractée en Chine par le navire et qui fut amortie par la vente d’une partie de la cargaison avec un bénéfice de 18 %, la majoration apparente n’était plus que de 12 %. Les bénéfices réels ne permettaient pas cette majoration ; elle fut faite néanmoins pour favoriser Soucourama, dont le Conseil supérieur tenait à s’assurer le concours pour l’avenir, attendu qu’il était le seul marchand de Pondichéry pouvant donner du crédit au commerce d’Inde en Inde. Lorsqu’elle connut cette opération, la Compagnie fit de sérieuses remontrances au Conseil supérieur ; on élude aujourd’hui ces difficultés par des subventions que l’on trouve légitimes. La Compagnie fit encore sur cet armement les observations suivantes : elle estima, en examinant les comptes de retour, qu’on avait évalué le taël un peu trop fort et que le calcul laissait apparaître un bénéfice, alors qu’il y avait perte réelle pour la Compagnie. Elle estima aussi qu’en donnant au navire à son retour la valeur qu’il avait à son départ, on avait agi contre les règles.

Ces observations n’atteignaient Dupleix que très indirectement ; le voyage de Chine n’en eût pas moins pour lui les conséquences les plus fâcheuses, mais pour d’autres motifs. Il avait fait connaissance à Canton d’un employé de la Compagnie nommé Lhuillier, à qui il était dû 2.025 livres d’appointements. Dupleix aurait dit à cet employé qu’il n’avait point ordre de lui verser ses appointements et qu’il ignorait quand il pourrait être payé, en sorte que Lhuillier se serait résolu à lui céder son compte