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chaient seulement 2.000 livres. Tant il est vrai que les mauvais principes sont de tous les temps et de tous les régimes !

Trois semaines après, le 29 juin, Dupleix s’embarquait à Lorient à bord de l’Atalante. Saluons avec lui à cette date la terre de France qu’il ne devait revoir que 34 ans plus tard.


3. Les débuts de Dupleix à Pondichéry. — L’anarchie au Conseil supérieur.

Le voyage fut long, très long ; l’Atalante n’arriva à l’île Bourbon ou du moins elle n’en repartit qu’à la fin de juin 1722, pour arriver à Pondichéry le 16 août. À Bourbon, Dupleix avait fait connaissance de Dulivier, que la Compagnie envoyait comme commissaire à Surate pour liquider ses dettes. L’ancien conseiller, qui avait été un instant gouverneur de Pondichéry, de 1713 à 1715, se prit d’affection pour son jeune collègue et mit sa bourse à sa disposition, d’où l’on peut conclure que même au moment où il se séparait de son fils, peut-être pour toujours, Dupleix père n’avait pas entendu faire pour lui les moindres sacrifices personnels. Dulivier lui fit compter 400 pagodes, pour se livrer à des opérations de commerce sans lesquelles sa solde seule ne lui permettrait pas de vivre d’une façon honorable. Bien placé, cet argent pouvait rapporter de 20 à 25 % et souvent davantage. Était-il avancé à Dupleix sans intérêt ? On ne le saura jamais. Dulivier mourut à Bourbon le 29 juillet, un mois après le départ de Dupleix pour l’Inde, et Trémisot, son exécuteur testamentaire, réclama au jeune conseiller 10 % à titre d’intérêts. Celui-ci eut beau dire que, si Dulivier avait vécu, les choses ne se fussent point