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lité qui est nécessaire à la manifestation des sentiments, il ne vécut pas néanmoins dans une atmosphère morose ; de doux yeux brillèrent autour de lui et sur lui, et ce sont surtout des femmes qui lui apprirent à connaître le monde où il allait entrer.

En 1719, il fit un nouveau voyage hors de France, autant qu’on peut le conjecturer d’une lettre écrite par lui le 7 janvier 1739[1] et où il rappelait d’anciens souvenirs.

Cultru suppose que, dans l’intervalle de ses voyages, il resta au service de la Compagnie de Saint-Malo, en cette ville même ou à Paris. On peut admettre, de l’aveu même de Dupleix, que son père n’était guère satisfait de lui et qu’il n’avait pas tort[2]. Il est certain qu’il ne lui témoignait aucune bienveillance et qu’il lui montrait peu d’affection. Ce n’est sans doute pas sans motif qu’il tint à ne pas l’avoir auprès de lui. Dupleix était à un âge où la raison ne dirige pas toujours les actes, et il devait faire le désespoir de son père par sa prodigalité et peut-être par la raideur de son caractère, déjà peu disposé à subir la moindre discipline. Est-ce pour combattre les effets de cette prodigalité que son père retenait par devers lui la majeure partie de ses appointements ? Ce n’était pas en tout cas un grand signe de confiance. Dupleix trouvait par contre une certaine consolation auprès de son frère, qui ne cessa à aucun moment de lui témoigner la plus sincère affection et qui lui prêta son appui en toutes circonstances. Son père paraît ne l’avoir soutenu que pour l’aider à trouver une situation hors de France. En 1715,

  1. B. N., 8981, p. 69-71. Lettre à d’Hardancourt.
  2. « Je suis charmé que tu sois satisfait de ton fils aîné, écrivait Dupleix à son frère le 26 janvier 1749. Mon père ne l’a pas toujours été de moi, et il avait raison. Ainsi tu as une satisfaction de plus que lui ». B. N., 9357, p. 7.