regrettera seulement que Dupleix ait attribué plus d’importance qu’il ne convenait à de simples honneurs, comme le cordon de Saint-Lazare, qui n’ajoutaient rien à son mérite. Dupleix prouvait ainsi après beaucoup d’autres la faiblesse en même temps que la présomption de l’esprit humain.
On lui a fait, non sans motif, grief de son infatuation, qui n’était pas moins grande que sa susceptibilité. Il est évident qu’à la façon dont il engagea et conduisit certaines affaires avec le Conseil de Pondichéry, ce reproche mérite attention. Sa lettre aux directeurs du 23 novembre 1738 manque absolument de mesure ; c’est le moins qu’on en puisse dire. La vanité s’y étale avec une naïveté qui déconcerte ; l’orgueil coule à pleins bords. Dupleix oublie absolument qu’il n’est que directeur au Bengale et que le même langage ne peut être admis dans toutes les situations. Il traite de pair à égal avec ses supérieurs ; bien mieux, il les morigène, il les accuse, il les condamne. Ce n’est pas lui qui est le second dans l’Inde ; il est le maître souverain, et s’il ne l’est, il devrait l’être. Ses jugements sont absolus, parce que lui seul est honnête et clairvoyant ; il a tout préparé dans le passé, sans lui rien ne réussirait dans le présent, lui seul saurait assurer l’avenir. Sa personnalité déborde tout, comme un torrent qui a rompu ses digues et s’est répandu dans la plaine.
Mais il ne songe encore à rien détruire. Il vit avec les Maures et les Anglais sans aimer les uns, sans détester les autres, avec un cœur indifférent. Dans la lutte qu’il soutint avec ces derniers après 1749 et jusqu’à son départ de l’Inde, il n’est pas sûr que ses rivalités personnelles avec Lawrence et Saunders n’aient pas eu autant d’influence sur les événements que les ambitions de Chanda-Sahib et