directement commis dans l’Inde aux appointements de 800 francs. Ce serait dans une certaine mesure une façon de racheter le passé.
Saint-Paul avait été nommé subrogé-tuteur des enfants de Vincens ; Dupleix régla avec lui différents comptes de la succession, notamment avec le P. Thomas à Madras, et quoique sans titre officiel, lui prêta en différentes circonstances le concours de son autorité ou de ses conseils. Ils étaient volontiers acceptés dans le cercle intime où continuait de régner l’affectueux souvenir du chef disparu ; on savait qu’ils étaient désintéressés et Dupleix de son côté les savait assez nécessaires. Parce qu’elle s’élevait au-dessus de la bassesse ou de la médiocrité courante, la famille Albert était en butte à la jalousie de bien des gens ; dès le jour où elle fut sans soutien, Dupleix déclara qu’il ne l’abandonnerait ni en France ni dans l’Inde. C’était un jeu dangereux ; le protecteur d’une veuve encore jeune est un être bien faible dans la nature. Celle-ci commence par proposer ses droits puis elle les impose.
L’histoire ne saura sans doute jamais comment se déroula l’idylle qui se forma peu à peu entre Dupleix et Madame Vincens, tous deux au déclin de la première jeunesse ; la raison y eut sans doute plus de part que la passion, mais combien cette raison doit nous inspirer de respect ! Madame Vincens avait eu onze enfants, dont cinq vivaient encore et un seul était marié ; sans être pauvre, elle n’était pas riche. En l’épousant, Dupleix prenait à son compte de lourdes charges, sans que sa femme lui apportât, en cas de retour en France, l’appui d’aucunes relations personnelles. Il était donc parfaitement désintéressé en contractant cette union et vraiment il jouait en galant homme le rôle de protecteur