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Gabriel étaient en train, l’un à Pondichéry, l’autre à Moka, d’amasser une assez grosse fortune et Dumas ne paraissait pas décidé à attendre l’extrême vieillesse pour en jouir en Europe. À tout hasard, Dupleix prépara le terrain. Il y mit infiniment moins de discrétion qu’il n’avait fait pour obtenir la succession de Lenoir. Puisqu’il lui était démontré qu’un peu de séduction n’était pas inutile, il en usa auprès de toutes les personnes qui pouvaient contribuer à son élévation. De ce nombre étaient les directeurs de la Compagnie, Castanier, Saintard, d’Espréménil, d’Hardancourt et Caligny, mais surtout le contrôleur des finances Orry et son frère de Fulvy. Dupleix pria Bacquencourt de leur faire divers présents qu’il lui fit parvenir par les derniers bateaux de l’année 1738. Il y avait une pièce de tangeb brodée à chaînette coûtant 150 roupies, une autre brochée en or coûtant 475 roupies et deux pièces de basin brochées et nuancées coûtant ensemble 900 roupies ; 60 bouteilles de vin de Constance que lui avait données son ami Sichterman, et 4 caisses de clous de girofle et de noix muscade. Les étoffes et le vin étaient pour les ministres, les épices pour les directeurs. Ainsi l’utile se mêlait à l’agréable.

Au début de 1740, il envoya encore à son frère deux caisses contenant l’une 4 oiseaux de paradis et 5 besoards de singe et l’autre 9 flacons de confitures, à charge par lui de les répartir comme il l’entendrait, au mieux de ses intérêts. Plus d’affectation spéciale comme par le passé ; il avait remarqué que certains de ses présents s’en étaient allés à des personnes qui n’étaient plus en place ou même étaient décédées ; il n’entendait plus courir les mêmes risques.

Dupleix avait jadis reproché à la Bourdonnais et à Dumas d’avoir dû leurs gouvernements à des cadeaux