deux mois auparavant préjugeait de ses dispositions ; il n’était pas douteux qu’il entrerait en lutte avec Lenoir. Tout au plus pouvait-on espérer qu’il attendrait la réponse de la Compagnie devant qui la question était posée ; il n’en fut rien, dès son arrivée à Chandernagor, il prit le parti des Jésuites contre le P. Anselme et le P. Saldin.
Les Jésuites, fort éloignés de l’esprit de modération qu’on leur supposait, lui suggérèrent que l’évêque désapprouvait la conduite de son grand vicaire et firent croire à quelques employés que le P. Saldin était excommunié ipso facto pour avoir exercé les fonctions curiales. Ils prétendirent même avoir obtenu de l’évêque des lettres les rétablissant dans leurs fonctions de curé.
Dupleix, désireux de rétablir l’ordre, convoqua un matin le Conseil et y appela les Pères Anselme et Saldin. S’il faut en juger par ce qui se passa en séance, les deux Pères avaient été pris au dépourvu et n’avaient pu s’entendre sur leurs déclarations. On leur demanda à l’un et à l’autre quelles fonctions ecclésiastiques ils avaient l’intention d’exercer. Le P. Anselme répondit qu’en sa qualité d’aumônier, même non reconnu par l’évêque de Saint-Thomé, il ne pouvait que dire la messe, confesser et prêcher. Le P. Saldin revendiqua au contraire le droit d’exercer intégralement les fonctions de curé, même à l’égard du P. Anselme. Tel n’était point l’avis de ce dernier qui se récria fortement et déclara, comme dans la scène du lutrin, qu’il n’était pas venu à Chandernagor pour être le valet d’un théatin. D’autres propos non moins vifs furent échangés. Le Conseil, d’abord curieux et indifférent, se passionna à son tour et intervint dans le débat. Dirois prit parti pour le théatin, Saint-Paul et de la Croix pour le P. Anselme. Les deux Pères ne deman-