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micre paraît avoir été écrite spécialement pour Dumas. Elle s’exprimait ainsi :

« Votre Conseil a jeté celui-ci dans une désolation que l’on ne peut exprimer. Pour moi en particulier je ne puis revenir de ma surprise et, à vous dire le vray, je ne sais quel parti prendre dans cette occurrence. Si l’honneur n’était mon guide, j’eus tout abandonné, il semble que l’on cherche à me forcer à prendre ce parti. Je m’aperçois que quelqu’un intéressé à mon départ domine entièrement dans votre Conseil sur les affaires du Bengale[1] et que ses avis passent comme des oracles. Sans trop de réflexion on cherche à nous déshonorer et la supériorité veut se tourner en tyrannie à notre égard… L’on a passé les bornes, l’on vous met au pied du mur, nous ne pouvons rester muets avec gens qui veulent nous déshonorer. Le plus grand mal n’est pas ce qu’on nous écrit, nous pouvons y répondre ; ce sera votre lettre par le vaisseau la Reine, à laquelle vous savez bien que nous ne pouvons rien objecter. Je me doute bien que le fiel le plus amer y sera répandu avec violence, ce qui cependant me donne lieu d’espérer que la Compagnie pourra douter de ce qui sera avancé avec tant de violence et d’amertume, d’autant mieux encore qu’elle n’ignore pas que la plupart de ceux qui composent actuellement le Conseil supérieur n’ont que des connaissances superficielles du Bengale. Quelle foi peut-on ajouter aux rapports d’un Golard, qui, n’ayant aucune capacité, a reçu des lettres d’abolition d’un assassinat commis à Paris. Quel déshonneur pour votre Conseil d’avoir un tel sujet !… J’avais cru que l’amitié que vous avez pour moi que je vous demande par toutes les occasions vous eut engagé à ne pas souffrir les termes que l’on a insérés dans cette lettre, qui marquent un mépris si affecté pour nous que nous en sommes au désespoir[2]. »

  1. Sans doute une allusion à Dirois.
  2. B. N. 8980, p. 125.