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commerce, armer des vaisseaux en guerre, établir des garnisons, les pourvoir d’armes et de munitions et les faire commander par des officiers nommés par elle, sous la seule réserve de prestation du serment de fidélité au roi avant de la prêter à la Compagnie. »

Ou les mots n’ont pas de sens ou ce programme comportait pour la Compagnie la faculté de faire des conquêtes territoriales ; mais, outre que la conception était toute nouvelle, il eût fallu pour la réaliser une paix continue en Europe, qui nous assurât en Orient la liberté de nos mouvements ; or, Louis XIV fut presque toujours en guerre jusqu’à sa mort et loin de pouvoir faire des conquêtes dans l’Inde, nous y perdîmes au contraire Pondichéry, qui nous fut pris par les Hollandais en 1694.

La Compagnie ne put, en réalité, que se livrer à des opérations purement commerciales, qui ne tardèrent pas à devenir sa préoccupation exclusive, au point de lui faire considérer toute ambition politique comme contraire à ses intérêts et à son but. Ces opérations, contrariées par la guerre en Europe et parfois aux Indes, ne répondirent pas au plan de Colbert aussi complètement qu’il l’avait envisagé. La Compagnie se débattit au milieu de difficultés sans nombre, notamment au cours de la guerre de la succession d’Espagne et quand elle disparut, en mai 1719, elle avait cessé d’être une force depuis de longues années.

À ce moment, Law venait d’établir en France le fameux système financier auquel son nom est resté attaché : il lui parut qu’il reprendrait et fortifierait utilement l’œuvre de Colbert en associant à ce système toutes les compagnies coloniales alors existantes, Afrique, Sénégal, Guinée, Chine, Canada ; il en absorba quelques-unes