Cependant les différends de Dupleix avec Villeneuve avaient eu un écho à Paris et à Pondichéry. De même que Dupleix s’était plaint de Villeneuve à Castanier à propos de l’armement de Djedda, Villeneuve s’était plaint de Dupleix. Pris pour ainsi dire comme arbitre, le directeur de la Compagnie répondit à Dupleix qu’il lui paraissait n’avoir pas eu absolument tort dans cette affaire ; Dupleix en conclut qu’on ne lui donnait pas plus raison qu’à Villeneuve et cette appréciation lui causa le chagrin le plus cuisant qu’il eut jamais ressenti. Si l’on s’en rapporte à cette réponse, qui est du 31 juillet 1737, Castanier l’aurait accusé de vivacité et d’avoir eu des hauteurs avec Villeneuve. Hauteurs ! Vivacités ! retenons ces mots au passage ; car c’est la seule fois à notre connaissance que l’on trouve dans une correspondance quelconque un jugement ou même un simple aperçu sur le caractère de Dupleix. Et, sans donner raison à Villeneuve, on est obligé de reconnaître qu’à distance, à une très longue distance, Castanier ne se trompait que très médiocrement. Ce fut d’ailleurs une nouvelle occasion pour Dupleix de ne pas ménager Villeneuve, « un homme violent, indiscret, vaniteux, débraillé, sans aucune tenue ». Vraiment le portrait est peu flatteur et nous pouvons le tenir pour exact.
À Pondichéry, le Conseil supérieur n’avait pas approuvé non plus sans quelques réserves l’attitude de Dupleix vis-à-vis de Villeneuve ; Dumas était intéressé de 30.000 roupies dans l’armement des Larivière et il lui semblait que dans la question du passeport les critiques de Dupleix avaient été exagérées. Avec son impétuosité naturelle, Dupleix avait accusé Dumas et le Conseil d’avoir délivré inconsidérément un passeport aux frères Larivière : si, disait-il, on s’était adressé au dernier commis de la Compa-