désastreux fut le naufrage de l’Aimable, deux jours après son départ de Djedda, au commencement de juin. Il avait à bord Vincens comme subrécargue.
« Vincens, Beaumont, du Gayrosse, Lhostis, avec 70 autres personnes, eurent à peine le temps de se sauver en chemise dans la chaloupe et le canot, — écrivit plus tard Dupleix à la Farelle. Ils y furent neuf jours à ne boire qu’une coupe à thé d’eau par jour et un morceau de biscuit, gros comme le pouce. Vincens, plus altéré que les autres, buvait son urine et la trouvait, dit-on, bonne. Il a beau me le persuader, je n’en crois rien du tout. Enfin, après avoir souffert tout ce qu’on peut souffrir, ils sont arrivés à Moka où ils se sont distribués sur différents vaisseaux que nous avions d’ici et de Pondichéry. Chadeau avec trente hommes, sont restés ; il y a toutes les apparences qu’ils sont submergés[1]. »
L’Aimable rapportait 500.000 roupies en or ; on n’en put sauver que 24.000. « J’y suis fourré pour une très grosse part, écrivit Dupleix à son frère. Dieu soit loué ! je me soumets à sa sainte volonté et je ne perds point courage[2]. » « Mes pertes ne m’ont point fait murmurer contre la Providence, écrivait-il au P. Turpin ; au contraire, je m’y suis soumis plus que jamais et elle m’a donné la force et les moyens de soutenir ces voyages que je mets sous sa haute protection, vous priant de joindre vos prières pour en obtenir une meilleure réussite que l’année passée. »
Castanier, l’un des directeurs de la Compagnie, était intéressé de 15.000 roupies dans l’armement de l’Aimable ; il en perdit 12.000. Les pertes des autres associés furent