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des fonds pour faire le chargement de trois : le troisième devant partir avec des marchandises dont la plupart apportées du Bengale par un des bots de fin d’année. Or, faute de marchandises, ce bateau, la Galathée, ne put retourner en Europe. Malgré les instructions du Conseil supérieur, Dupleix avait préféré donner à la Thétis et au Prince-de-Conty une quantité considérable de marchandises fines. Le Conseil supérieur ne fut pas satisfait qu’on eut tenu si peu compte de ses instructions. Dupleix expliqua sa conduite par les défenses d’emprunter qu’on lui avait opposées et qui l’avaient mis dans l’impossibilité de faire des achats suffisants. Mais cette autorisation lui ayant été accordée pour l’année 1734, Dupleix exposa que les réflexions à lui faites l’année précédente l’obligeaient à plus de retenue pour l’avenir et qu’au surplus la guerre survenue en Europe peu de mois auparavant avait enlevé toute confiance dans la Compagnie. Cependant, dans le même temps, le Conseil supérieur ayant invité les autres comptoirs à ne plus tirer de traites sur Chandernagor afin de ne pas affaiblir ses ressources, Dupleix riposta que le « crédit de la Compagnie était bon au Bengale » et qu’il était en état de faire honneur aux traites qu’on pourrait faire sur Chandernagor. Le Conseil supérieur apprécia peu ces considérations et le lui fit savoir par lettre du 8 octobre 1734 :

« Nous sommes fâchés de vous dire que nous remarquons dans toutes vos lettres une étude particulière à chercher l’impossibilité à l’exécution des ordres que nous vous donnons. Le crédit de la Compagnie ne doit pas être aussi diminué que vous le dites. Nous ne sommes point en guerre avec aucune nation qui puisse troubler notre commerce de l’Inde en Europe. La Compagnie n’a point discontinué d’envoyer des vaisseaux dans le Gange. Vous ne devez rien du passé ; nous ne regardons point