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Bengale et ici. Il faut donc éviter autant que nous pourrons de retomber dans les embarras et discrédit où nous nous sommes vus il y a quelques années[1]. » Comme conclusion, il prescrivait de ne se servir de la faculté d’emprunter donnée par la Compagnie que pour le contrat de 1734 et non pour augmenter ceux de 1733.

Dans un siècle comme le nôtre où le crédit est l’âme du commerce, de pareilles prescriptions paraissent un non-sens : elles étaient des plus sages au moment où elles furent écrites. Que fut-il arrivé, par exemple, si usant de la liberté donnée par la Compagnie, Dupleix eut emprunté 400.000 roupies dans le second semestre de 1733, pour satisfaire aux commandes de France ? Aucun désagrément sans doute, si les bateaux avaient pu emporter toutes les marchandises assemblées ; mais supposons que la Compagnie ait envoyé moins de fonds ou moins de navires qu’elle ne l’avait fait prévoir. Dans le premier cas, il aurait fallu un nouvel emprunt pour payer toutes les marchandises achetées ; c’était l’avenir gravement obéré. Dans le second cas, les marchandises auraient dû attendre l’année suivante pour être exportées et cependant les intérêts auraient couru, sans aucune chance cette fois d’être amortis par le bénéfice des ventes à Nantes ou à Lorient.

Or ces conditions se réalisèrent l’une et l’autre en 1733. La Compagnie avait décidé l’envoi de quatre navires, elle n’en fit partir que trois : le Prince-de-Conty, la Thétis et le Jupiter ; elle avait promis 60.000 marcs ; elle en donna seulement 50.000.

Le Prince-de-Conty arriva le 4 juillet. Les fonds qu’il apporta, s’élevant à 25.000 marcs, servirent à acquitter

  1. C. P., t. 3, p. 217.