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toires non plus qu’à exécuter les ordres de la Compagnie : avec infiniment d’habileté et de patience il sut faire comprendre aux conseillers les plus jeunes combien ils étaient injustement favorisés et les amena d’eux-mêmes à renoncer à leurs privilèges. Un an plus tard, à la même date du 30 octobre, la Compagnie frappée du grand nombre de veuves et d’orphelins qui tombaient à sa charge, résolut de ne plus faire de pension à qui que ce soit ; il importait à chacun de ses employés de s’assurer l’avenir par ses économies, sa prévoyance ou son intelligence. Elle arrêta toutefois, pour corriger la rigueur de cette innovation, que les enfants pauvres des agents prématurément décédés seraient élevés, nourris et entretenus aux dépens de la Compagnie jusqu’à ce qu’ils fussent en âge de gagner leur vie ; mais qui élèverait ces enfants ? Il n’y avait alors dans nos possessions aucun établissement, religieux ou autre, pour les recueillir ; l’instruction était au surplus assez négligée et considérée comme de peu d’importance. Par un heureux hasard, il arriva à Pondichéry par la Paix, le 8 septembre 1738, venant de Vannes, quatre religieuses ursulines pour fonder un couvent destiné à donner l’éducation aux jeunes filles. Dumas pensa aussitôt leur confier les enfants des agents décédés et fit créer un droit d’une demie-roupie par tonne pour subvenir aux besoins de l’institution naissante. Il suggéra au Conseil de Chandernagor de consacrer à cette œuvre le produit de certaines aumônes, moyennant quoi les habitants de la ville et même les étrangers pourraient envoyer les enfants nécessiteux à Pondichéry, où ils seraient bien traités et élevés dans des sentiments de piété et de vertu[1].

  1. C. P. 2, p. 35 et 36.