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reux pour être admise sans quelques inconvénients. L’éloignement des comptoirs était certainement un obstacle à l’exécution ou l’interprétation de quelques ordres ; mais comme ces comptoirs faisaient en commun les mêmes opérations commerciales, une certaine cohésion politique était nécessaire pour assurer leur succès. Nul doute qu’avec la reconnaissance de l’autonomie du Bengale, le centre le plus productif de l’Inde, Pondichéry n’eut été entièrement sacrifié aux ambitions du directeur du Bengale. Ne se vantait-il pas dès 1783 d’avoir presque anéanti son commerce d’Inde en Inde ? Dupleix apprécia le refus de la Compagnie dans une lettre à Fulvy du 6 janvier 1738, que nous nous bornerons à analyser.

L’intention de la Compagnie en opposant ce refus, disait-il, a été de laisser le Conseil supérieur en état de se prononcer d’une façon pertinente et juste sur toutes les affaires de l’Inde : il n’a pas vu suffisamment les inconvénients. Après plusieurs expériences les Anglais et les Hollandais ont reconnu que l’indépendance et la liberté d’agir des comptoirs étaient ce qui convenait le mieux. La Compagnie croit-elle que la grande dépendance quelle exige du Conseil de Chandernagor à celui de Pondichéry puisse jamais procurer aucun bien à son service ? Elle se trompe ; elle n’aboutit au contraire qu’à dégoûter les employés, et à les empêcher de mettre au jour leurs idées. « Ils n’osent s’exposer à de perpétuelles rebuffades dont le Conseil de Pondichéry est toujours prodigue… personne ne veut courir les risques de réprimande ou de n’être presque jamais approuvé. Ainsi les affaires périclitent par leur longueur à être décidées et souvent la décision arrive de Pondichéry lorsqu’elle n’est plus nécessaire ou à propos. » On doit s’attendre à ce que par la