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lui, auraient tout sacrifié pour nous détruire nous-mêmes ; mais à un point de vue plus élevé, il continua de regretter que, de concessions en concessions, les Européens en fussent arrivés à supporter toutes les humiliations et à ne plus écarter aucune réclamation des Maures par un refus catégorique.

Les difficultés n’étaient pas si grandes autrefois, disait-il, mais autrefois le commerce était moins développé, et si l’on veut bien considérer que les exigences du nabab étaient plus commerciales que politiques, on comprendra dans une certaine mesure qu’elles aient suivi le mouvement des affaires. N’y avait-il pas, en réalité, entre les nations européennes et le nabab un contrat d’association sui generis où le pouvoir concédant prélevait un bénéfice variable suivant l’importance des entreprises ? Les charges que les États imposent de nos jours à certaines banques ou à d’autres affaires ne s’inspirent-elles pas du même principe ?


Nos rapports mêmes avec les Anglais et les Hollandais n’étaient pas très cordiaux en 1731 : les affaires de la Compagnie d’Ostende avaient jeté quelque froid entre nous et nos concurrents. On se rappelle que l’empereur avait promis en 1727 de la suspendre pendant une durée de sept ans et avait essayé presque aussitôt de continuer le commerce du Bengale par des sociétés étrangères interposées. Après l’incident des vaisseaux polonais, les Anglais et les Hollandais s’entendirent pour établir à Coulpy, à l’embouchure du Gange, un poste de surveillance où l’on demanderait leurs passeports à tous les navires étrangers, sans en excepter les nôtres : on voulait ainsi nous punir de notre mansuétude à l’égard des Polonais en même temps que prendre des garanties pour l’avenir. Dupleix