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Les souvenirs d’un passe où les royaumes indiens s’écroulèrent avec tant de facilité les uns après les autres pouvaient seuls ouvrir quelques perspectives sur l’avenir ; mais est-ce bien l’habitude des peuples de songer au lendemain et de subordonner leur politique à des nécessités lointaines qui exigent des sacrifices ?

Dupleix vécut pendant dix ans dans une sécurité absolue, à peine troublée par des contestations occasionnelles à répercussion limitée. Il n’eut jamais la crainte d’être obligé de quitter le Bengale à la suite de conflits soit avec les Maures, soit avec les Anglais ou les Hollandais.

De ces trois peuples, les Maures furent ceux avec qui il dut le plus compter ; nous étions installés sur leur territoire et c’étaient eux qui nous avaient concédé nos privilèges. Nous commencerons par eux le récit de nos relations avec les pouvoirs constitués au Bengale.


I. — Relations avec les Maures.

À la fin de 1731, les affaires de Cassimbazar dont on a vu plus haut l’origine, étaient loin d’être réglées ; le voyage de Dirois à Mourchidabad au début de cette même année n’avait rien terminé. Au moment où le pouvoir passa à son successeur, au mois d’août, notre loge où il ne restait plus qu’un écrivain et deux pions indigènes était gardée par les gens du nabab et nos marchandises étaient partout arrêtées sur les vaisseaux qui les portaient. Il paraît que quelque temps auparavant nous avions donné la chasse à plusieurs cavaliers du nabab qui avaient voulu s’emparer de l’aldée de Gondolpara, sur laquelle la Compagnie avait une ancienne hypothèque. D’après Dupleix, les Maures se vengeaient en paralysant notre commerce,