mule leur difformité. Commettons-nous une faute ? nous ne nous tenons pas quittes pour certaines paroles marmotées sur notre tête. Aspirons-nous au titre d’honnête homme ? nous sommes forcés de l’être en réalité, car personne ne nous en délivre brevet pour de l’argent. Nous ne connaissons pas ces accommodements avec le ciel, si admirables d’à-propos, qui viennent au besoin vous dispenser même de la vertu. Nos principes sont inflexibles ; ils condamnent peut-être moins de choses que les vôtres, car ils ne condamnent que ce qui mérite condamnation ; mais ils condamnent toujours.
Nous n’avons pas d’enfer pour nous rendre nécessaires, pour envoyer brûler éternellement ceux qui ne voudront pas se faire délivrer par nous, ou, en d’autres termes, ceux qui ne voudront pas nous nourrir sans rien faire ; mais nous avons la conscience, la conscience impitoyable qui amnistie le vrai repentir, mais n’amnistie que lui.
Qu’on ne vienne donc pas nous dire, que l’athéisme
et le matérialisme, en lâchant la bride aux passions,
entraînent après eux le malheur. Si l’on pleure, dans le
monde, c’est par vous ; c’est vous qui êtes les vrais bourreaux
de l’humanité. Vous creusez dans les cœurs des
abîmes qu’il vous est impossible de combler ; vos rêves
ne sont bons qu’à irriter les désirs des hommes, en même
temps que par votre indifférence systématique à l’égard
des biens présents vous rendez la réalité beaucoup plus
dure qu’elle ne devrait l’être.
Le bonheur cependant est dans la réalité, et non pas dans l’illusion. Il est dans la conformité à la nature, et dans l’acquiescement à ses lois.