Dutreuil. Nicole fut sur le point de se jeter dans les bras de sa tante, mais elle réprima cet élan. Elle avait le teint gris, le visage défait, elle ne pleurait pas : elle tenait ses yeux grands ouverts et ses sourcils levés ; elle semblait surexcitée, résolue, et tout à fait maîtresse d’elle-même.
— « Tante, je voudrais vous parler. »
— « Viens. »
— « Pas là-haut. »
— « Pourquoi ? »
— « Non, pas là-haut. »
— « Mais pourquoi ? Je suis toute seule. » Elle devina que Nicole hésitait : « Daniel est au lycée, Jenny à son cours de piano : je te dis que je suis seule jusqu’au déjeuner. Allons, viens. »
Nicole la suivit, sans une parole, Mme de Fontanin la fit entrer dans sa chambre.
— « Qu’est-ce qu’il y a ? » Elle ne pouvait dissimuler sa méfiance ; « Qui t’envoie ? D’où viens-tu ? »
Nicole la regardait sans baisser les yeux ; ses cils battirent :
— « Je me suis sauvée. »
— « Ah… », fit Mme de Fontanin, avec une expression de souffrance. Elle se sentait