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Les vagissements recommençaient. Jenny se débattait de nouveau. Soudain elle renversa la tête et ses lèvres s’entr’ouvrirent comme si elle allait rendre le dernier souffle. Mme  de Fontanin s’était jetée sur le lit, couvrant la petite de son corps, lui criant au visage :

— « Je ne veux pas !… Je ne veux pas !… »

Le pasteur se dirigea vers elle comme s’il la rendait responsable de la crise :

— « Peur ? Vous n’avez donc plus foi ? En face de Dieu il n’y a pas de peur. La peur est seulement charnelle. Mettez de côté l’être charnel, ce n’est pas votre véritable. Marc a dit : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez déjà que vous avez reçu la chose, et alors vous aurez l’accomplissement de cette chose. Laissez. Priez ! » Mme  de Fontanin s’agenouilla. « Priez ! » répéta-t-il sur un ton sévère. « Priez en premier pour vous, âme trop débile ! Que Dieu vous restitue d’abord confiance et paix ! C’est dans votre confiance totale que l’enfant trouvera salut ! Invoquez l’Esprit de Dieu ! Je réunis mon cœur avec vous : prions ! »

Il se recueillit un instant et commença la prière. Ce ne fut d’abord qu’un murmure :