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introduit la visiteuse, il se leva et s’inclina cérémonieusement.

Mme de Fontanin ne s’attendait pas à trouver tant de monde. Elle eut, sur le seuil, une imperceptible hésitation, puis fit un pas vers Mademoiselle ; celle-ci avait sauté de sa chaise et dévisageait la protestante avec des yeux effarés qui n’avaient plus rien de languide, et qui la firent ressembler, non plus à une biche, mais à une poule.

— « Mme Thibault, sans doute ? » murmura Mme de Fontanin.

— « Non, Madame », se hâta de dire Antoine. « Mme de Waize, qui vit avec nous depuis quatorze ans, — depuis la mort de ma mère, — et qui nous a élevés, mon frère et moi. »

M. Thibault présenta les hommes.

— « Je m’excuse de vous déranger. Monsieur », dit Mme de Fontanin, gênée par les regards dirigés sur elle, mais sans rien perdre de son aisance. « Je venais voir si depuis ce matin… Nous sommes pareillement éprouvés, Monsieur, et j’ai pensé que le mieux était de… de réunir nos efforts. N’est-ce pas ? » ajouta-t-elle avec un demi-sourire