Page:Martin du Gard - Le Cahier gris.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— « Ah, te voilà », dit-il, s’ adressant à Antoine seul. « Je commençais à m’étonner. Tout s’est normalement passé là-bas ? » Et, sur la réponse affirmative d’Antoine, qui vient serrer la main molle que son père lui tend : « Je te remercie, mon cher, de m’avoir épargné une semblable démarche… Une démarche aussi pénible ! »

Il hésite quelques secondes, il espère encore un élan du coupable ; il décoche un coup d’œil vers les bonnes, puis vers l’enfant, qui fixe le tapis avec une physionomie sournoise. Alors, décidément fâché, il déclare :

— « Nous aviserons dès demain aux dispositions à prendre pour que de pareils scandales ne se renouvellent jamais. »

Et quand Mademoiselle fait un pas vers Jacques pour le pousser dans les bras de son père, — mouvement que Jacques a deviné, sans lever la tête, et qu’il attend comme sa dernière chance de salut, — M. Thibault, tendant le bras, arrête Mademoiselle avec autorité :

— « Laissez-le ! Laissez-le ! C’est un vaurien, un cœur de pierre ! Est-ce qu’il est digne des inquiétudes que nous avons tra-