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la danse à l’Olympia, Crois-tu qu’elle le ferait ?

« Depuis quelques jours j’avais cependant pris l’irrévocable décision de revenir au vers régulier et à la rime des grands classiques. (En somme, je crois que je les avais méprisés parce que c’est plus difficile.) J’ai commencé une ode en strophes rimées sur le martyre dont je t’avais parlé ; voici le début :

« Au R. P. Perboyre, lazariste.
Martyrisé en Chine le 20 nov. 1839
Béatifié en janvier 1889.


« Salut, ô prêtre saint, dont le touchant martyre,
« Fait frissonner d’horreur, le monde épouvanté !
« Permets que mes accords ta chantent sur ma lyre,
« Héros de notre chrétienté

« Mais, depuis hier soir, je crois que ma vraie vocation sera d’écrire, non des poèmes, mais des nouvelles, et si j’en ai la patience, des romans. Je suis travaillé par un grand sujet. Écoute :

« Une jeune fille, enfant de grand artiste, née dans le coin d’un atelier, artiste elle-même (c’est-à-dire un peu légère de genre, mais faisant résider son idéal non dans la vie de famille mais dans l’expression du