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qu’à la fin sans l’amour d’aucun héros, afin d’éviter que les douleurs et les peines ne viennent payer mon amour ? — Crois-moi pourtant, répond la mère, ne fais pas trop haut cette promesse, ne jette pas l’amour trop loin ; car, si jamais tu veux remplir ton cœur de joie, cette joie ne pourra te venir que de l’amour d’un homme. Tu seras un jour la femme d’un noble héros. »

Cependant dans les Pays-Bas, à Xanten sur le Rhin, grandissait en taille comme en valeur Sigfrid, fils de Sigmund et de Sigelinde, jeune guerrier qui, lorsqu’il était encore presque enfant, allait déjà par monts et par vaux, cherchant à mesurer ses forces vraiment merveilleuses. La nouvelle ne tarda pas à lui venir de l’incomparable beauté de cette jeune fille qui demeurait à Worms, sur le haut Rhin ; et c’est ainsi que le plus beau et le plus hardi de tous les jeunes héros de ce temps quitta sa ville natale avec ses hommes pour prendre le chemin de Worms, dans le but d’y gagner l’amour de la plus belle, la plus gracieuse et la plus pure des jeunes filles qui fût au monde. Le vieux roi Sigmund prend congé de son fils avec des paroles où perce un sombre pressentiment. Une larme de douleur, arrachée par la pensée de son cher enfant qu’elle craint de perdre, coule des yeux de Sigelinde sur la forte main de Sigfrid. Cependant le fils s’éloigne chargé des riches présents que son père et sa mère destinent à la jeune fille qui doit devenir leur bru.

Voici maintenant que devant le bourg royal de Worms arrivent, en chevauchant fièrement, des étrangers qu’à leur force et à leur taille on prendrait pour des géants, et qui étonnent tous les yeux par la magnificence inouïe de leurs armures et de leurs che-