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pour héros le roi Rother, le roi Otnit, Hugdietrich et son fils Wolfdietrich. D’après les Inductions de la critique, ces traditions particulièrement la fable d’Otnit et celle de Hug et Wolfdietrich, doivent être de beaucoup antérieures au cycle de Dietrich-de-Bern. Toutefois, dans la forme où elles nous sont parvenues, elles présentent plusieurs traits particuliers à l’époque des croisades, et ces traits sont si habilement fondus dans l’ensemble, qu’on n’a pas encore pu réussir à les en dégager. Il résulte de là que ce dernier cycle est considéré comme le plus récent, et qu’il devra en être ainsi aussi long-temps que de nouvelles découvertes, auxquelles on est en droit de s’attendre, n’auront pas confirmé et justifié les présomptions de la critique.

Il convient maintenant de faire rapidement l’historique de ces divers poëmes, de dire par quelles phases d’estime ou de discrédit ils ont passé avant d’arriver jusqu’à nous ; d’indiquer leur ancienneté présumée ou reconnue, les diverses éditions qui en ont été faites, ainsi que le nom des hommes qui ont le plus contribué à les placer au rang honorable qu’ils occupent aujourd’hui dans la littérature allemande. L’époque de l’engouement le plus désintéressé, le plus naïf, et par cela même le plus virtuellement poétique pour ces traditions, est la seconde partie du XIIe siècle et le XIIIe siècle tout entier. C’est à cette période qu’il faut faire remonter le premier agencement définitif de l’épopée des Nibelûngen, la première fusion en un poëme unique des éléments divers qui circulaient d’abord isolément. L’opinion qui a long-temps désigné pour l’auteur des Nibelûngen Henri d’Ofterdingen, maître chanteur et bourgeois de la ville d’Eisenach (1212-1225),