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notre siècle posera la dernière pierre, et que ce Zollverein, destiné à réunir prochainement, en un seul et robuste faisceau, les membres trop long-temps séparés de la grande famille germanique.

Ces traditions, long-temps flottantes parmi les peuples du Nord, qui se les empruntaient les uns aux autres, en y ajoutant sans cesse de nouveaux détails et des figures nouvelles, n’ont pu parvenir jusqu’à nous que par une succession de métamorphoses, d’altérations et de changements, d’où résulte aujourd’hui pour la plupart des poëmes qu’elles ont inspirés, la difficulté d’en connaître les auteurs. Les remaniements que presque tous ont subis dans la suite, particulièrement à une époque où prévalut le goût chevaleresque qui suivit les croisades, ajoute encore à ces embarras, si bien faits d’ailleurs pour aiguillonner le zèle persévérant de l’érudition allemande. Si l’étude approfondie de la vieille langue et des antiquités germaniques a déjà répandu de vives clartés sur plusieurs questions obscures, il reste encore beaucoup à faire ; mais les résultats obtenus, ainsi que le dévouement laborieux d’hommes tels que ceux dont je viens de citer les noms, permettent de beaucoup espérer.

Maintenant déjà l’Allemagne est en état de dresser le catalogue de ses richesses épiques. Non-seulement elle possède deux épopées complètes, les Nibelûngen et Gûdrûn, mais encore elle peut grouper avec orgueil autour d’elles bon nombre de fragments et de poëmes qui élargissent indéfiniment le cadre de ces deux vastes cycles, et qui en préparent de nouveaux.

Entre les diverses méthodes adoptées pour le classement de ses traditions épiques, l’Allemagne n’en a pas