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ment, entraînés par le courant du fleuve, on arrête les roues du bateau à vapeur, dans la crainte que le mouvement qu’elles impriment aux flots ne fasse chavirer ces masses flottantes. De loin en loin, retentissent des chants religieux : ce sont de frêles embarcations remplies de pèlerins qui vont honorer quelqu’un des saints ou des vierges dont les rives du Danube sont peuplées. Les pèlerins se tiennent agenouillés dans la nacelle ; d’autres lèvent leurs bras vers le ciel, et l’un d’eux dresse en l’air une image grossière du Christ, ou quelqu’autre symbole pieux.

De Lintz, dont je n’ai gravi la citadelle que pour jeter un dernier regard sur les majestueux méandres décrits par le Danube, je me suis dirigé par Salzbourg sur Munich, où je voulais voir les peintures inspirées par les principales scènes des Nibelûngen. Mon voyage s’est terminé par Stuttgard, oh je désirais visiter Uhland, ce poète moderne qui a si bien compris le fait comprendre la poésie du passé. À Mannheim, le Rhin m’a emporté sur ses flots, et j’ai pu saluer en passant les clochers de Worms, si chère aux admirateurs de l’épopée germanique, ainsi que toutes ces ruines fameuses qui, au moyen-âge, effrayaient le voyageur, pour le charmer aujourd’hui. Le dernier homme que j’ai consulté est Karl Simrock, qui, dans la jolie ville de Bonn, s’occupe depuis douze ans de traduire en haute poésie moderne et de ramener à une harmonieuse unité ce legs long-temps négligé de l’épopée allemande, dont je vais tâcher de dresser l’inventaire.


Les traditions épiques de l’Allemagne, celles qui concernent exclusivement ses épopées héroïques, soit