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L’intérêt de mes études m’appelant à Vienne, je profitai de l’occasion qui m’était offerte d’entrer en Autriche par la Bohême, et je pris le bateau à vapeur de l’Elbe, On arrive ainsi jusqu’à quelques lieues de Prague, en traversant le beau pays si bien nommé la Suisse saxonne. On ne tarde pas à saluer les montagnes pleines du souvenir de Jean Huss. Comme on remonte le fleuve, on a le temps de tout voir et de tout admirer.

Vienne avait mieux pour moi que ses souvenirs, ses monuments, ses curiosités, sa physionomie originale et ces charmantes surprises que procure à l’esprit le spectacle d’une vie nouvelle : elle avait sa bibliothèque, et M. Karajan, son bibliothécaire. C’est par des travaux analogues à ceux de Guillaume Grimm, et surtout par une restitution savante des vieux textes, que M. Karajan a mérité la place honorable qu’il occupe à la bibliothèque impériale de Vienne. Je saisis avec joie l’occasion de remercier publiquement un homme qui, apprenant l’objet de ma mission, s’empressa avec tant de zèle bienveillant de me montrer les trésors littéraires confiés à ses soins, les vieilles éditions et les manuscrits précieux qui font de la bibliothèque de Vienne un des plus riches dépôts scientifiques du monde. C’est encore là que je trouvai M. Wolf, dont la modestie égale le mérite, et que la nature de ses travaux rapproche davantage de nos philosophes français, dont il est l’émule dans bon nombre de dissertations critiques relatives à notre ancienne littérature nationale. Entre autres œuvres, je citerai de lui une histoire de la littérature française, depuis l’époque des croisades jusqu’à celle de François 1er . M. Wolf m’a offert