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quelques-uns. Je fus moins heureux avec le professeur Massmann, que je ne parvins pas à rencontrer chez lui. Je me dédommageai avec ses livres. Ce que des chances contraires me refusaient de ces deux côtés, je le trouvai amplement chez les frères Grimm. Les savants auteurs des Antiquités du Droit, des Recherches sur la Mythologie des peuples du Nord, de la Grammaire allemande, véritable encyclopédie de la langue allemande, et de tant de travaux de haute érudition, voulurent bien se rappeler qu’ils avaient composé jadis, dans leurs loisirs les plus désoccupés, un recueil de contes charmants, et que ces contes, j’avais essayé récemment de les transplanter en France. Cette circonstance tourna au profit de mes nouvelles études, auxquelles ils eurent la bonté de donner une direction salutaire. J’ai vécu assez long-temps à Berlin pour apprendre que MM.  Jacob et Guillaume Grimm accueillent avec une bienveillance inépuisable, tous les esprits studieux qui ont besoin de leurs conseils, et cette généreuse hospitalité de la science est d’autant plus admirable chez de tels hommes, qu’ils n’ont pas trop de tout leur temps pour leurs propres travaux. Au moment où j’eus l’honneur de les voir, MM.  Grimm étaient absorbés par la composition d’un grand ouvrage impatiemment attendu en Allemagne, un dictionnaire général et critique de la langue allemande. Pour entrer dans le cadre de ma mission, je ne dois pas oublier de mentionner la joie naïve, la satisfaction d’érudit avec laquelle M.  Jacob Grimm me montra un magnifique volume in-folio contenant une nouvelle édition du poème des Nibelûngen, exécutée sous sa direction par les ordres de Frédéric-Guillaume IV.