Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus fécond en contrastes et en comparaisons de toutes sortes, traçait ma route par la Belgique, Cologne, Dusseldorf, où je voulais visiter l’Académie de peinture, et où le poète Wolfgang Millier me présenta au peintre Lessing ; Münster, où je trouvai une femme poète d’un vrai talent, mademoiselle Annette Droste de Hulshof ; Hanovre, qui se souvient avec un juste orgueil de Leibnitz et de Frédéric Schlegel, et qui commence à savoir qu’elle possède un jeune philologue éminent et un critique judicieux dans la personne de M. Karl Godecke. M. Karl Godecke m’a fait profiter de son expérience et de ses richesses d’érudition avec une libéralité qui n’est pas commune chez les savants. De Hanovre à Berlin, la distance se franchit en chemin de fer. La pensée envahissante du jeune royaume prussien possède de la sorte un système déjà complet de voies rapides, par où son influence cherche à se répandre dans toutes les directions. Berlin, qui, indépendamment de ses philosophes, de ses écrivains et de ses poètes, possède des philologues et des critiques tels que les Lachmann, les Grimm, les Massmann, Berlin devait me retenir pendant quelques semaines. Le professeur Lachmann était malade ; il fit preuve d’une grande bonne volonté en me recevant malgré son état de souffrance, et je me serais reproché comme indiscrète la moindre question qui aurait pu le fatiguer. Toutefois cette visite ne fut pas stérile, car la vue et les encouragements d’un maître illustre ne peuvent manquer de féconder en nous l’émulation. Je connaissais d’ailleurs les titres de Lachmann à la reconnaissance littéraire de ses compatriotes, et j’emportais avec moi ses ouvrages, dont j’avais déjà lu