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fer et de plomb, et mainte balle et mainte boulet passent pardessus maint homme.

Notre artillerie est d’un excellent calibre, et, des rangs prussiens, personne ne passe à l’ennemi. Les Suédois n’ont pour solde qu’une maudite et misérable monnaie ; qui sait si l’Autrichien en reçoit une meilleure ?

Quant aux Français, leur roi les paye avec de la pommade ; nous, au contraire, notre solde nous est comptée chaque semaine en beaux hellers et pfennings. — Mille éclairs et sacrements ! qui donc peut se vanter de toucher sa solde aussi exactement, aussi promptement que le soldat prussien ?

Frédéric, mon roi, que ceint la couronne de lauriers, hélas ! pourquoi ne nous as-tu pas permis plus souvent le pillage ? Roi Frédéric, mon seigneur et maître, nous eussions, pour toi, expulsé du monde le diable !


La physionomie du roi politique me paraît heureusement rendue. Ce discours assaisonné à dessein de locutions populaires, parfois même triviales, ne pouvait manquer de produire l’effet attendu. Rien n’est négligé de ce qui peut toucher le soldat aux endroits sensibles, l’orgueil national d’abord, puis les paroles rassurantes qui doivent mettre du cœur au ventre des jeunes recrues, puis l’irrésistible argument de la solde exactement payée dans son armée, en bons hellers et pfennings, en opposition avec cette maudite et misérable monnaie que l’on est d’ailleurs si peu assuré de toucher dans les rangs ennemis. Certainement, d’aussi bonnes raisons empocheront le soldat prussien de déserter. Aussi, comme il était adoré de ses troupes, ce Fritz à béquille, qui savait envelopper un ordre sévère dans un mot plaisant ! Je termine par quatre strophes qui montrent d’une manière touchante combien il fut regretté :