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les souvenirs laissés par le roi guerrier et philosophe qui a définitivement assis la monarchie prussienne sur de solides fondements. Frédéric II a déployé la même activité dans la pensée que dans l’action. S’il manque à sa gloire d’avoir été un protecteur plus intelligent des lettres nationales, c’est sans doute parce qu’il n’y trouvait pas ce sentiment de l’activité pratique dont il était doué, et qui fait les peuples dominateurs. Dans les vers que je vais traduire, le poète a eu le mérite de le mettre en scène avec la brusquerie familière qui lui était propre.


Le roi Frédéric

Le roi Frédéric, notre seigneur et maître, appela son armée entière sous les armes, deux cents bataillons, et environ mille escadrons, et chaque grenadier reçut soixante cartouches.

— Maudits coquins ! leur dit Sa Majesté, que chacun de vous dans la bataille tienne tête à son homme ; et ils ne me prendront pas plus la Silésie et le comté de Glatz, que les cent millions composant ma réserve.

L’impératrice s’est alliée avec les Français, et elle a mis l’empire romain en révolte contre moi ; les Busses ont envahi la Prusse. — En avant ! montrez-leur que nous sommes Prussiens.

Mon général Schwerin, mon feld-maréchal de Keit, et mon général-major de Ziéthen, sont toujours prêts — mille éclairs et sacrements ! — toujours prêts à faire connaître, à qui les ignore, Fritz et ses soldats !

— Maintenant, adieu, Louise ; Louise, essuie tes yeux : chaque balle ne porte pas coup ; car si chaque balle atteignait son homme, où diable les rois trouveraient-ils des soldats ?

La balle du mousquet ne fait qu’un petit trou ; le boulet de canon en fait un bien plus grand. Les balles sont toutes de