C’était une charmante jeune fille aux formes sveltes. Et le chasseur se dit alors : — Voici le gibier que je vais chasser. — En mai, dans leurs rondes, folâtrent garçons et fillettes !
— Bonheur à vous, jeune fille fraîche et délicate, brillante de vertu non moins que de beauté : ce que je réussis à prendre dans ce bois doit être à moi désormais. — Hélas ! noble chasseur, bon et beau chasseur, je suis maintenant en votre pouvoir. — En mai, dans leurs rondes, folâtrent garçons et fillettes !
Alors il prit sa blanche main, comme ont coutume de faire les chasseurs, et l’enleva devant lui sur son cheval. — Et maintenant, bonne chance et bon voyage ! Mais la fortune est chose si glissante, si trompeuse, que j’en sais plus d’un… — En mai, dans leurs rondes, folâtrent garçons et fillettes !
Voilà des procédés qui rappellent un peu trop la
Lénore du vieux Bürger. Quoi qu’il en soit, le chasseur
est désormais amoureux, circonstance dont profitera le
gibier, qui n’a pas plus à s’inquiéter d’un chasseur
amoureux que d’un chasseur poète. Je crois devoir
raconter encore ce qui ne manque pas d’arriver en
pareil cas :
Un chasseur partit pour le bois ; là broutait un cerf. — Allons ! chasseur fortuné, aujourd’hui tu auras bonne chance ; mais trouble est l’œil du chasseur ; que manque-t-il à notre Nemrod ? Il ne voit pas le cerf brouter : quelle peut donc en être la cause ?
Il pénètre et s’étend dans le bocage ; là becqueté une gélinotte. — Allons, chasseur, mets en joue et tire, plutôt que de te reposer ; mais il n’entend pas mon appel ; il ne vise pas avec précaution l’animal ; il tourne vers le sol des yeux mélancoliques : quelle peut donc en être la cause ?