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Alors elle s’enhardit à dire au chasseur : — Hélas ! chasseur, mon noble chasseur, puis-je encore porter une couronne verte dans mes cheveux, dans mes cheveux dorés ?

— Tu ne dois plus porter une couronne verte, comme en portent les jeunes filles ; tu dois porter un chaperon couleur de neige, comme en portent les jeunes femmes, les jeunes femmes des chasseurs.


À la bonne heure ! voilà ce qui s’appelle réparer ses torts ! Il ne faudrait cependant pas en conclure qu’en Allemagne les choses se passent toujours ainsi. Je crois, au contraire, que l’aventure n’a rencontré un rapsode pour la faire voler harmonieusement de bouche en bouche, que grâce à sa conclusion fort peu conforme à ce qui arrive ordinairement en pareil cas. — Avis aux jeunes filles désireuses d’échanger leur couronne verte contre un chaperon couleur de neige.

Ce qui me paraît ici le mieux démontré, c’est que, nonobstant leurs accès de sentimentalité mélancolique, tous ces chasseurs des chants populaires sont de francs et joyeux lurons. Quand la journée a été bonne, et qu’un vin digne de ce nom leur verse à propos l’oubli de la fatigue, ils sont gens à entonner des refrains que je ne croirais pas prudent de traduire. S’ils sont verts par le costume, ils sont verts galants par le tempérament et les mœurs, comme me disait un docte professeur d’outre-Rhin, qui avait la passion malheureuse des jeux de mots. Le lied des Sorcières contient sous Ce rapport plus d’une révélation :


Les sorcières

Les chasseurs pourraient en conter long sur les sorcières. Je sais à quoi m’en tenir sur ce point ; j’en fais le cas qu’il