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n’ornaient son lit. Hélas ! dehors, dans le jardin, froide et tout humide de rosée, sa bien-aimée gisait pâle au milieu des fleurs. — Ô douleur ! ô douleur ! ô douleur ! sa bien-aimée était morte.

Alors il débrida son fidèle cheval et le laissa s’enfuir en liberté ; puis, il décrocha du mur son fusil de chasse, et lui mit une double charge de plomb meurtrier ; puis il entonna le chant de chasse en l’accompagnant des notes joyeuses et retentissantes du cor : Trara, trara, trara ! Et il alla rejoindre sa bien-aimée.


Si, après avoir débuté sur le ton de l’idylle, ce récit se termine dans les notes graves et lugubres du drame, voici, en revanche, une chanson qui finit aussi bucoliquement que le commencement en paraît menaçant et sombre. Il faut convenir, après tout, qu’il n’y avait pas lieu, pour le chasseur, d’entrer dans une si grande colère. Il se fût, de plus, montré ridiculement cruel en y persévérant ; vous allez en juger.


Couronne perdue

Un chasseur voulait chasser cerf ou chevreuil, voulait chasser, trois heures avant le jour, cerf ou chevreuil.

— Ah ! chasseur, tu l’es oublié à dormir ; cher chasseur, voici le jour ; et ton sommeil me réjouit dans ma paisible retraite.

Cela chagrina le chasseur de l’entendre parler ainsi ; il voulut décharger sur elle son fusil, pour la punir de parler ainsi.

Elle se précipita aux pieds du chasseur ; elle se précipita sur ses genoux blancs comme la neige. — Hélas ! chasseur, mon bon chasseur, de grâce, ne me tue pas. — Le cœur du chasseur se brisa.