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moi à donner la mort aux innocentes bêtes que le bon Dieu s’est complu à créer ? » Mais il me semble qu’un tel langage ne pourrait rendre le saint favorable qu’en le compromettant. Dit-il plutôt : « Ô bon saint Hubert ! vous qui savez que la terre abonde en animaux inutiles et malfaisants, faites que je tue à foison les lièvres, les chevreuils et les cerfs qui — ne font de mal à personne ! » En bonne conscience, plus je réfléchis, et plus je trouve que cette prière est difficile à faire. Le mieux serait peut-être de dire : « Ô bon saint Hubert ! protégez un pauvre pécheur possédé du démon de la chasse, comme vous l’avez été vous-même, avant de devenir un grand saint par vos éminentes vertus ! Ô bon saint Hubert ! préservez-moi de la rage, et si quelque loup enragé me mord, guérissez-m’en. »

Saint Hubert, évêque de Maëstricht, et qui fut l’apôtre des Ardennes, n’a pas, en effet, si l’on en croit la légende, obéi toute sa vie aux instincts féroces du chasseur. Sa vocation le prédestinait à une autre chasse : c’est le sauvage sanglier de la barbarie, c’est le paganisme persistant du Nord qu’il devait poursuivre victorieusement dans la forêt des Ardennes. L’imagination populaire a résumé dans une poétique image, dans le cerf blanc, dont le front s’illumine d’une croix de feu, les résultats et les bienfaits de cette chasse civilisatrice. Écoutez cette chanson :


Saint Hubert

Armé de sa lance, Hubert partit à cheval avec sa meute : de forêts en forêts, il voulait chasser cerfs et chevreuils vers le lac aux eaux transparentes et profondes. Comme alors