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Les parents n’ont rien aperçu de ces bienheureuses agaceries d’amour ; mais moi, le nénuphar, j’ai bien tout vu du fond de l’abîme béant !


Je trouve ce petit poëme charmant dans sa douce raillerie. Faites souvent ainsi, cher poète, et vous prendrez entre Novalis et Heine, entre le mysticisme sentimental et la moquerie, une place digne de tenter un talent original.


la jeune fille de Florsheim

Au fond d’une fraîche vallée murmure la source à l’ombre des aulnes ; sur la colline inondée de soleil, le château se dresse si souriant, si scintillant !

La flûte du berger solitaire retentit à travers la paisible vallée. Dans le château est une jeune fille qui, le cœur plein d’un doux tourment, aspire ces sons qui montent de la vallée.

Le troupeau repose à l’ombre ; le berger s’assoupit au bord du ruisseau. La jeune fille descend d’un pied léger la colline, et son baiser réveille le beau dormeur.

Une blanche vapeur s’élève des prés fleuris ; le ciel sourit d’un si paisible azur ! Un souffle printanier d’éden enveloppe doucement l’heureux couple.

Mais un jour arrive le venimeux serpent qui va détruire le bonheur de cet autre éden ; il arrive et pique au talon le jeune homme qui se tord douloureusement, puis expire.

La jeune fille descend d’un pied léger la colline ; mais son baiser ne réveille plus le beau dormeur ; et du haut du sentier à pic, elle se laisse rouler au fond du ruisseau murmurant.

Cela arriva dans la vallée de Florsheim, et c’était la noble jeune fille du château, et le jeune homme était le berger du couvent, le beau jeune homme dont le serpent avait détruit le bonheur.