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baumée, une nouvelle grâce, une nouvelle fraîcheur. Mais moi, hélas ! je n’espère, je ne puis espérer que le profond repos de la tombe.


Hâtons-nous de dire que la vie n’a pas justifié, pour cette aimable jeune fille, d’aussi sinistres pressentiments. Elle est devenue, en 1857, la femme du poète Alexandre Kaufmann, qu’elle a suivi dans les paisibles vallées du Main et de la Tauber. Sans doute qu’elle y cueillera désormais des fleurs plus riantes. « Elle vient de me donner, m’écrit Kaufmann, une petite fille, que Dieu veuille rendre aussi jolie, aussi aimable et aussi vertueuse que sa mère. » Jeune femme, jeune femme, voilà votre plus beau poëme !

Puisque Kaufmann m’est ainsi ramené par la main d’Amara George complétons son ébauche. Il est né à Bonn en 1821. Son père y avait rempli les fonctions de maire sous l’occupation française. L’esprit sérieux du jeune Alexandre fut d’abord séduit par l’étude de l’histoire et du droit ; mais, comme je crois l’avoir indiqué plus haut, il ne tarda guère à être entraîné dans le cercle poétique des Simrock, Kinkel, Metzeratt, où je le trouvai en 1844. Cette même année, cédant aux exigences de l’existence, il se sépara de ses amis pour aller faire l’éducation du jeune prince Charles de Lowenstein-Wertheim-Rosenberg. Cette éducation terminée, et après divers déplacements motivés par sa santé non moins que par ses études, il est définitivement resté au service de cette noble famille de Lowenstein, où le loisir si nécessaire aux travaux de la pensée ne lui a jamais fait défaut.

Le talent de M. Alexandre Kaufmann a de la souplesse et de la fermeté. Son vers est net et précis.