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ressouvenir de l’Éden. La musique, la poésie et l’art y donnent encore à la pensée une profondeur de sentiment, une élévation et une délicatesse voisines de l’idéal. Les femmes surtout y conservent, sans s’en douter, cette rose mystique qu’un poète français chantait ainsi naguère, et qu’on ne saurait trop chanter :


les deux sœurs
(m. m. m. m.)

Je connais deux sœurs, deux charmantes sœurs,
Qui, matin et soir, sous de frais ombrages,
Exercent leurs doigts à de fins ouvrages.
La rose idéale embaume leurs cœurs.

La mère est auprès : on dirait trois sœurs,
À les voir de loin sous ces frais ombrages ;
Et si quelquefois chôment leurs ouvrages,
Leur main se repose en cueillant des fleurs.

Un poète passe et, l’âme ravie,
Contemple en secret ces fleurs de la vie,
Puis, d’un cœur ému — qui voudrait bénir, —

Il chante : — Mon Dieu, sur ces douces têtes,
Verse à pleines mains, chassant les tempêtes,
Un calme bonheur, un long avenir !


Puisque nous voilà en compagnie si aimable, esquissons en passant le profil ingénu d’une jeune fille, que la rose mystique, dont je parlais tout à l’heure, a rendue prématurément poète et poète élégiaque à la façon de Sapho, moins le Saut de Leucade. Amara George (pseudonyme de Mathilde Binder) a débuté à l’âge de 19 ans, par la publication d’un recueil lyrique intitulé