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pampres étincellent aux rayons du soleil ; à vous, forêts, ravines et rochers moussus ! Où que je sois, où que j’aille, mon cœur est au Rhin !

Salut à toi, existence pleine d’allégresse parmi les chants, le vin et les danses ; à toi surtout, salut, race chère et brave, dont les femmes sont si aimantes, les hommes si loyaux ! Ah ! que Dieu bénisse vos labeurs et votre vie ! — Où que je sois, où que j’aille, mon cœur est au Rhin, à jamais au Rhin !


À côté de cette figure sereine, plaçons une physionomie plus sombre, celle d’Édouard de Schenk, un poète qui a pris tout au sérieux, la poésie comme la vie. Il est né en 1788, et mort en 1841. Élevé dans l’Église réformée, son âme eut froid dans le protestantisme, et il se fit catholique. Il a été ministre de l’intérieur en Bavière. Ses poésies, où circule comme un souffle de la foi romaine, se distinguent par l’élégance de la forme et par une grande délicatesse de sentiment. On a de lui des cantates, des chants lyriques, des poèmes et des comédies ; quelques fragments d’une épopée intitulée Ahasvérus ont, en outre, paru dans les almanachs. Je prends dans l’œuvre de M. Édouard de Schenk un morceau qui me semble réunir les meilleures qualités de son talent :


l’arbre glacé

En face du château de Leuchtenberg, un vieil arbre se dresse au sommet d’une haute montagne. On l’appelle l’arbre glacé.

Je m’avançai vers cet arbre. Un berger était assis dans son ombre, tandis que son troupeau allait cherchant alentour une herbe rare et raidie.

Le soleil brillait, au zénith, dans toute sa pompe embrasée ;