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plus encore que la muse, qui d’ailleurs l’y suivit fidèlement. Les critiques allemands, qui étudient avec intelligence le développement des nouveaux talents dont s’honore leur pays, ont dit de Müller qu’il est le plus rhénan des poètes actuels. La qualification me semble aussi ingénieuse que fondée : le plus rhénan des chantres du Rhin sera certainement celui dont la claire voix gazouillera les notes les plus vives, les plus fraîches, celui dont la muse aura les cheveux les plus blonds, et dans les yeux l’azur le plus tendre des plus mélancoliques vergissmeinnicht. Wolfgang Müller a tout cela, même avec exubérance. Sans doute, que Simrock, Gustave Pfarrius, Kinkel et Alexandre Kaufmann peuvent aussi, par leurs qualités particulières, être appelés des poètes rhénans, mais ils ont certainement, dans une moindre mesure, ce que je nommerai la candeur azurée.

Le berceau de Wolfgang Müller a d’ailleurs été placé au milieu des vergissftneinnicht, puisqu’il est né à Kœnigswinter, au pied de ces sept montagnes, qu’en ma qualité de poète rhénan, j’ai chantées moi-même dans un sonnet qui trouve ici naturellement sa place :


Sur ses flots, trop souvent rougis par les batailles,
Le Rhin a donc bercé votre esprit curieux,
Madame, et fièrement déroulé sous vos yeux
Les vieux nids de vautours cachés dans ses broussailles !

Des donjons féodaux les croulantes murailles
Vous ont donc fait rêver aux âges glorieux !
— C’est ici que passa Louis victorieux,
Là qu’à Marceau deux camps firent des funérailles.