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et d’art chrétien. Remarqué aussitôt pour son éloquence, il ne tarde pas à être nommé prédicateur dans une des églises protestantes de Cologne. Un mariage contracté, malgré ses supérieurs, avec une catholique séparée de son premier mari, lui fait quitter en 1843 la carrière ecclésiastique. Il entreprend alors de nouvelles études et conquiert ces nouveaux grades dont je le trouvai investi à l’université de Bonn en 1816. Ces dernières années de séjour à Bonn peuvent être considérées comme les plus ferventes, les plus décisives de sa vie poétique : elles ont été incontestablement les plus sereines et les plus laborieuses. Un petit cénacle d’esprits créateurs s’y était formé, mêlant les travaux d’histoire locale aux essais de plus en plus accentués et marquants d’une poésie dont la tradition nationale devait de préférence fournir la matière. Ces jeunes recrues se groupaient autour de Kinkel et de sa femme, musicienne fort distinguée et qui avait aussi fait ses preuves d’écrivain. En tête de ces amis, de ces émules de Kinkel, il faut citer dès lors un poète moins âgé que lui de quelques années, Alexandre Kaufmann, dont j’ai prononcé le nom plus haut, et dont je parlerai bientôt plus longuement. Aux jours de fête, surtout aux vendanges, tout cet essaim joyeux et sérieux franchissait le Rhin en face du Drachenfels, véritable géant armé à l’arrière-garde des sept montagnes, pénétrait dans la vallée en laissant à gauche le Mont des serpents (Schlangenberg), longeait ensuite la villa charmante et les ombrages touffus de Jean-Marie Farina, puis s’abattait avec des cris de triomphe sur l’humble cottage de Simrock, au Menzenberg.