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sottise, la jalousie et la haine auront beau dire, le cœur loyal et content de l’homme libre n’en bat pas moins dans ta poitrine. Voilà plus de mille ans que ton puissant génie, ta main vaillante, agrandissent chaque jour ta renommée ; l’avenir et le passé brillent également pour toi. Salut, terre et peuple de France !

Qui pourrait compter les nobles cicatrices qui décorent ton front ? qui pourrait compter les brèches de ton redoutable glaive ? qui dira les noms de tous les héros qui moururent courageusement pour toi ? qui vantera dignement tes hauts faits ? Tu as combattu tous les peuples du monde, et tu les as vaincus tour à tour. Chaque bouche qui s’ouvre raconte ta gloire et n’en parle qu’avec envie. Salut, terre et peuple de France !

Ainsi que les roses, les beaux-arts et les libres sciences ont crû de tout temps sur ton sol. Ton généreux exemple animera les peuples d’une émulation féconde. Oui, l’aveugle déraison peut seule méconnaître le génie de tes penseurs, de tes poètes, que la vérité doit proclamer maîtres en tous lieux. Salut terre et peuple de France !


Un cosmopolite de l’art pouvait désirer un peu plus de concision à ces vers ; un Français devait les trouver de tout point admirables.

Mais, après cette première et sentimentale esquisse du souvenir, reprenons de plus haut, pour les mener rapidement jusqu’à nos jours, la vie et l’œuvre littéraire de ces deux écrivains.

Gottfried Kinkel est né en 1815, à Obercassel, où son père exerçait les fonctions de ministre protestant. Après une enfance pieuse et librement écoulée au sein de la nature, le jeune Gottfried va étudier la théologie à Bonn, et dès 1837, il y ouvre lui-même, en qualité, d’agrégé à la faculté, un cours de théologie historique