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sement d’inquiétudes et de souffrances il apportait parmi ces pauvres gens ! Le poète avait pour chacun une bonne parole, un bon conseil, une bonne aumône, oui, une bonne aumône, double cette fois, puisque je l’accompagnais.

— Voilà des clients qui finiront par vous amasser un trésor… de bonnes œuvres, lui dis-je au retour.

— Les médecins devraient tous être poètes et millionnaires, me répondit-il ; toutes les maladies disparaîtraient comme par enchantement.

Dans la soirée, M. Müller m’offrit un thé poétique. Ce fut le moment de la poésie proprement dite. Il venait de publier, sous le titre de Bruderschaftslieder (Chants de fraternité), un recueil très-sympathique à la France et qui renfermait quelques traductions heureusement réussies de Béranger. Nous les lûmes et relûmes. Le traducteur avait surtout rencontré la vraie note frémissante et profonde pour interpréter le Vieux vagabond et la Sainte-Alliance des peuples. Parmi ses pièces, une Ode à la France me parut être la contrepartie acceptable de ce Rhin allemand qui avait attiré à son auteur, Nicolas Becker, cette vive et impertinente riposte d’Alfred de Musset :

Nous l’avons eu votre Rhin allemand !


Après ces douze années écoulées, est-il trop tard pour traduire quelques strophes de cette Ode à la France de Wolfgang Müller !


Salut, peuple de France ! Un chant doit aujourd’hui résonner en ton honneur, un chant glorieux, un chant qu’anime une jeune et joyeuse sympathie, fraternelle. La pusillanimité, la