Page:Martin - Poètes contemporains en Allemagne.djvu/331

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 323 —


À l’instant, on fouilla près de l’âtre : au-dessous
Du parquet vermoulu gisaient deux ou trois sous.

Ces sous, dont il devait faire œuvre charitable,
Il les avait cachés (action condamnable),

Pour acheter un jour des gâteaux. L’humble argent
Fut donné sans retard au premier indigent,

Et pour rendre le calme à cette âme troublée,
L’aumône de la mère en tous lieux fut doublée.

À partir de ce jour l’enfant ne revint plus.
Il était maintenant au milieu des élus.


pleurs merveilleux

Il neigeait, il gelait ; le givre éblouissant
Craquait dans le sentier sous les pieds du passant.

Étayant d’un bâton sa marche chancelante,
Une vieille pauvresse allait, plaintive et lente.

Du seuil d’une chaumière où brillait un grand feu,
Un enfant lui cria : — Pour vous chauffer un peu,

Entrez, ô bonne femme ! Et, joyeuse, la vieille
S’approche en grelottant de la flamme vermeille.

Mais ses haillons usés, qu’étoile plus d’un trou.
S’allument aussitôt comme de l’amadou.

La flamme monte, et l’enfant, pour l’atteindre,
S’épuise en longs efforts ; comme il ne peut l’éteindre,

Deux longs ruisseaux de pleurs jaillissent de ses yeux,
Noyant soudain la flamme, — Ô noble enfant ! les cieux,

Voyant ta charité, permirent ce miracle,
Car un cœur charitable est le plus beau spectacle.